The Covenant : critique d'un Guy Ritchie guerrier sur Amazon (2024)

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Par Owen Carrel

27 juin 2023

MAJ : 23 mars 2024

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Roi du film de gangsters so british, passé par l’exercice du blockbuster hollywoodien, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire,Guy Ritchie semble maintenant enchaîner les films à la pelle, puisque quelques mois seulement aprèsle décevant Opération Fortune : Ruse de Guerreil revient avecThe Covenant.Lui aussi bazardé surAmazon Prime Video, ce film au ton bien plus sérieux est porté parJake Gyllenhaalaurait pumarquer un tournant pour l’enfant terrible du cinéma britannique, mais c’est encore une occasion manquée.Attention légers spoilers !

The Covenant : critique d'un Guy Ritchie guerrier sur Amazon (4)

Guerre Ritchie

Dès son synopsis,The Covenantsuppose que Guy Ritchie va sortir de sa zone de confort.Avec son histoire d’une profonde amitié entre le sergent John Kinley (Jake Gyllenhaal) et son interprète Ahmed (Dar Salim), sur fond d’intervention américaine en Afghanistan, le réalisateursemble réaliserun pas de côté intrigant par rapport au reste de sa carrière.Exit le film de criminels bien vêtus ou le blockbuster délirant,le Britannique veut livrer ici un véritable drame guerrier, sombre et violent.

Une bascule vers un nouveau genre, loin de ceux qui ont fait sa renommée, qui n’est toutefois pas si étonnante quand on sait à quel point le projet tient à cœur le cinéaste (qui a lui-même co-écrit le scénario avec Ivan Atkinson et Marn Davies, ses fidèles collaborateurs depuis The Gentlemen).

C’était pas leur guerre

Car si The Covenant n’est pas réellement une histoire vraie, le cinéasteaffirme s’être basé sur ses conversations avec des vétérans pour ficeler son intrigue.Son filmreprésente donc dès son postulat un vrai paradoxe de cinéma : une alliance improbable entre le style tape-à-l’oeil et ultra nerveux de son auteur et une histoire profondément intimiste par essence. Les gimmicks habituels du réalisateur sont ainsi quasiment effacés.

Pour autant, des vestiges de son style hauts en couleur émaillent parfois le long-métrage. On notera par exemple les cartons d’introduction des soldats, sorte de détournementmalin des codes du film de braquage chers au Britannique.C’est d’ailleurs par sa première demi-heure que The Covenant se rapproche le plus d’un film typique du réalisateur, entre son montage dynamique et ses punchlines engageantes.Pas de doute,le filmcommence fort, et, en piochant ses meilleures qualités dans le genre du film de guerre, il constitue une excellente surprise.

«T’as intérêt à être bien cette fois»

British sniper

The Covenant séduit en effet quand il décide d’être pleinement un film de guerre, et le choix de son interprète principal n’y est d’ailleurs pas étranger.Avec son air hagard, Jake Gyllenhaal incarne idéalement la figure du soldat désabusé, fatigué d’une guerre qu’il ne comprend pas et d’une administration qu’il exècre.

En plongeant dans l’enfer implacable du conflit afghan, le long-métrage révèle ses qualités de mise en scène et de montage.La tension est exacerbée, comme lorsqu’un soldat afghan allié des Américains est accusé de traîtrise.La situation ne dégénère jamais, mais la montée d’adrénaline, elle, est bien réelle.Et quand enfin le film se lance dans l’action, le résultat est spectaculaire. Dans un déluge de feu qui voit les compagnons de John être brutalement tués,Guy Ritchie se rappelle à notre bon souvenir et emballe une scène d’une remarquable efficacité.

Plongée dans l’horreur

Brutale, viscérale, bien rythmée, la première partie de The Covenant a tout d’un retour en force pour le réalisateur. Pourtant, l’édifice commence déjà à s’effriter. Alors que John est blessé, Ahmed se décide à le sauver, dans une longue séquence qui brise étrangement le rythme jusque-là haletant.

Une manière de donner du corps aupersonnage de Dar Salim,impeccable grâce à son jeu tout en retenue, et de mettre en valeur la partition musicale enivrante de Christopher Benstead.Seulement, ce segment, finalement trop long pour son propre bien, va inexplicablement faire dérailler une affaire très bien partie.

Le Transporteur

The Confus-nant

C’est paradoxalement dans sa deuxième partie que les travers de Guy Ritchie vont nuire au succès de son entreprise. Car d’un film de guerre efficace à défaut d’être révolutionnaire, The Covenant devient un mélodrame à la limite du lourdingue, où le jeu sec de Jake Gyllenhaal se transforme en cabotinageparfois gênant. Alors que le film se détourne de l’Afghanistan pour retrouver les États-Unis, il y laisse son âme et son sujet, pour se perdre dans un trop-plein d’idées encombrant.

Théoriquement, l’objectif final tend vers la rescousse d’Ahmed et sa famille, laissés au pays alors qu’on leur avait promis un visa.Problème : Guy Ritchie ne sait pas quoi privilégier dans la deuxième moitié de son film, entre les péripéties administratives de son héros et le sauvetage improbable de son ange gardien, finalement complètement attendu.

Sa conclusion s’en trouve fatalement bâclée, dans une scène d’action finale où le réalisateur croit jeter ses dernières forces dans la bataille, alors que ses élans dramatiques, charmants au premier abord, finissent de parasiter la lisibilité de son propos.

Le personnage d’Emily Beecham, cruellement sous-exploité

Après 2h03 de film, difficile d’affirmer avec précision ce qu’a voulu raconter le réalisateur. Est-ce un hommage aux interprètes ? Une critique de la guerre, ou même de l’armée américaine ? Voire une étude du stress post-traumatique des vétérans (thématique passionnante et seulement effleurée) ?Un peu tout ça à la fois en fait, et c’est assurément là que le bât blesse.

Même si The Covenant n’est pas fondamentalement raté, c’est avant tout une étrange anomalie dans la carrière du réalisateur. Privé de la folie de sa caméra et de ses visuels détonants,son dernier film ne décolle jamais vraiment malgré un casting de haut vol et une première partie ultra efficace. Une énième frustration dans la filmographie de Richie et sans doute celle qui fera le moins de vagues au vu de sa tragiqueabsence médiatique.

The Covenant est disponible sur Amazon Prime Video en France depuis le 23 juin 2023

The Covenant : critique d'un Guy Ritchie guerrier sur Amazon (10)

Rédacteurs :

Owen Carrel

Résumé

Guy Ritchie a beau déployer toute sa générosité dans une première heure réjouissante, The Covenant retombe ensuite comme un soufflé. Fable guerrière viscérale et touchante ? Drame lourdingue et bancal ? Guy Ritchie ne semble pas savoir lui-même, laissant tout le monde un peu perdu.

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Cepheide

il y a 2 mois

Superbe film, surprenant et troussé de main de maître. Et cette ambiance sonore !

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Danniel

il y a 10 mois

Si c’est un film français il prend 4

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Jerome13004

il y a 11 mois

Le film se découpe en trois parties très inégales :

-la première culmine avec l’assaut sur la cache d’armes, brutale, réaliste. La guerre sans fard. Les soldats y meurent aucun héroïsme ne vient à leur secours
-La fuite, puis le retour au pays, et là, il faut bien reconnaître que le métrage tourne à vide. Certes, il faut justifier l’attitude d’Ahmed qui explique l’engagement du soldat à obtenir par ailleurs les visas, mais quelques coupes judicieusem*nt opérées n’en auraient pas raconté moins, mais auraient allégés l’ensemble.
-Le final redonne un sens à l’approche guerrière quoique pour le coup, il n’évite ni la «happy End» improbable, ni les facilités quand l’armée arrive cette fois à temps.
Le film part fort, ralentit singulièrement et retrouvent un sommet sans pour autant la cime du début.
Impressionnant certes, mais au final une impression mitigée.

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Riddick

il y a 11 mois

J adore Guy ritchie
Et la c est vraiment bien foutu
Ça part comme des larmes et du sang de peter Berg
On est à fond dedans. Après ça ralentie un peu mais démontre l amitié entre 2 personnes qui n ont rien en commun mais qui s apprécie à leur manière. Ça parle d amitié et d honneur
Alors oui guy ritchie n est pas parfait mais j apprécie tous ses films pour son montage son scénario sa musique et son originalités. Bravo à toi et continue

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Kolby

il y a 11 mois

Un spin-off sur Ahmed ne serait pas mal.. comment il a pu échapper aux talibans pendant que Kinney se morphond

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